Le post-partum avec des jumelles : « On s’attendait à être débordés, mais pas autant »

Marie a 29 ans et est la maman de jumelles nées au mois de septembre 2020. Après une grossesse confinée, un accouchement compliqué à 34 SA et une dépression post-partum, elle revient sur ces premiers pas de jeune maman de deux enfants.

Tout d’abord, comment as-tu réagi quand tu as appris que tu attendais des jumelles ?

Marie : Un véritable choc ! Honnêtement, j’ai fait un malaise suite à l’annonce. Car la gynécologue ne s’en est pas rendu compte tout de suite, mon conjoint a demandé de vérifier pour être sur qu’il ne change pas sa voiture (la blague) et « oups madame il y en a deux ! ». Etant moi-même jumelle, je ne comprenais pas pourquoi cela ne sautait pas une génération. Je n’y avais pas du tout pensé avant d’avoir un enfant que je pourrais avoir des jumeaux. Et puis, quand on prévoit d’avoir un enfant, on pense avoir assez financièrement, la voiture qu’il faut, le matériel, le tout pour un ! Pas pour deux ! La grosse panique ! J’ai mis quelques jours à reprendre mes esprits, puis je me suis dit que mes filles allaient vivre la même expérience que moi, qu’elles allaient être jamais seule. Et cela serait double bonheur pour nous, ce qui est le cas.

Comment avais-tu préparé ton post-partum ?

Marie : Je n’ai pas du tout préparé mon post-partum. J’étais concentrée uniquement sur ma grossesse assez complexe et médicalisée. Je ne voyais pas l’après. J’avais juste prévu l’administratif, de préparer des enveloppes pour l’acte de naissance, et le congé paternité de papa. Sinon l’échec total… Car personne ne m’en a parlé, ma mère et mes copines ne m’ont jamais parlé du post- partum. Aujourd’hui, je le vois de plus en plus sur les médias et réseaux sociaux.
J’ai aussi été prise de cours par un accouchement prématuré à 34 SA. Donc tout s’est enchainé très rapidement et sans organisation. J’ai pris une grosse claque, car en plus, j’ai accouché une en voie basse et une en césarienne. Mon corps était hors-service, je ne m’attendais pas à ça. A la télé, dans les films ou les réseaux on ne parle pas de l’après. On a juste l’image de la mère heureuse tenant son bébé. Surprise, je ne pouvais pas porter mon bébé les premiers jours, ni lui donner le bain…

Etant jumelle, ma mère m’avait bien prévenue, on s’attendait à être débordés mais pas autant…

Enfin, j’ai annoncé ma grossesse le premier mois de la crise sanitaire, j’ai donc vécu ma grossesse en plein confinement, les magasins fermés pour m’équiper, peu de visites, puis le couvre-feu, et de nombreuses contraintes à cause du Covid alors que j’imaginais des visites, des aides durant la journée et du soutien. Fichu Covid !

Je n’imaginais pas non plus cet enchainement de : un accouchement prématuré + un accouchement très compliqué + un séjour à l’hôpital cauchemardesque + un mois de néonat + le retour à la maison en plein confinement = une bonne dépression post-partum.

Est-ce que, dans ton entourage, tu connaissais d’autres mamans de jumeaux/jumelles qui ont pu t’aiguiller ?

Marie : Ma mère donc et ma belle-sœur aussi ont eu des jumeaux ! On a la chance d’avoir une famille compréhensible, présente, à nous soutenir, à venir dès que j’appelle à l’aide ou à nous les garder pour se faire un restaurant ou une nuit reposante.

Qu’est-ce que tu as trouvé le plus difficile à gérer ?

Marie : L’accouchement et le séjour à la maternité. De mon arrivée où j’ai été mal accueillie, car j’étais la troisième maman de jumeaux à arriver, d’un toucher vaginal violent, un accouchement à 34 SA. Et le pire, un séjour à l’hôpital au service gynécologie et non en maternité. Il n’y avait pas de places en maternité ni en service kangourou. J’ai passé le séjour en génécologie avec comme voisine une femme atteinte d’endométriose, on venait de lui enlever l’utérus… Du personnel non informé de la suite d’un accouchement, pas de sage-femme, des moqueries car je tirais mon lait pour mes bébés, on a dû venir voir mes points trois jours après mon accouchement.

J’étais à l’autre bout de l’hôpital pour aller voir mes filles en néonat, je me suis battue pour être avec elle, pour au final, demander à sortir et transférer mes jumelles dans un autre hôpital. L’enfer !

Mais aussi de tout vivre en plein Covid, enchaîner les confinements. J’ai eu beaucoup moins de visites et de soutien à cause de cela. Je ne souhaite pas de 3e enfant, mais je pense souvent à une seconde grossesse sans Covid, sans confinement, la vie normale quoi !

Enfin, ce qui me pèse le plus c’est la fameuse charge mentale, d’être bonne dans tous les domaines. D’assurer en tant que mère, femme, amie. Cela me fait beaucoup de peine, même si j’apprends à lâcher prise. J’aimerais être bonne de partout, ne pas délaisser mes amis, faire des activités pour moi, profiter avec mon conjoint, travailler à 100%. Tout cela est impossible aujourd’hui, cela reviendra petit à petit.

A quoi ressemblaient tes journées pendant ton congé maternité ?

Marie : Mon conjoint a pu être très présent les trois premiers mois, suite à un arrêt de travail (durant l’hospitalisation en néonat) et des congés. On s’est organisé pour dormir une partie de la nuit chacun et faire une sieste.

On a passé les journées à s’occuper des filles, les promener en fin de journée pour prendre l’air et souffler. Et enfin donner le bain, gérer les coliques et les pleurs du soir.

J’ai pu prendre quelques heures d’aides auprès d’une tisf (technicienne de l’intervention sociale et familiale, ma sauveuse), deux fois par semaine pour faire les courses et… dormir.

Enfin, deux consultations par semaine chez un psychiatre pour le traitement et une psychologue.

Qu’est-ce que tu aurais aimé savoir avant (que tu sais aujourd’hui) ?

Marie : Que le post-partum peut mal se passer et que c’est normal ! Que je suis en droit de demander de l’aide. Les différentes prises en charges quand on a un enfant, les aides des mutuelles et assurances. D’avoir des économies pour la première année. Et surtout que la PMI de votre ville peut être d’un grand soutien.

Quelle est la remarque qui t’agace le plus à propos des jumelles ? Pourquoi ?

Marie : « Je rêve d’avoir des jumelles »

Les femmes pensent qu’avoir des jumelles, c’est seulement les habiller pareil, etc.

Et elles ne pensent pas au reste, le plus compliqué : le quotidien.

« Arrête de râler toi au moins tu as des enfants »

Je l’ai entendue énormément sur mes réseaux sociaux : on a tous le droit de râler et de dire quand cela ne va pas. Cela fait du bien, et cela ne remet pas en cause l’amour que j’ai pour mes enfants.

Les conseils de maman qui n’ont qu’un bébé.

C’est adorable et je prends tous les conseils, mais cela n’est pas adapté souvent pour deux.

Et le fameux « dort quand bébé dort ».

Pour mes filles, il y en avait toujours une qui ne dormait pas.

Et pendant que bébé dort tu as toujours un truc à faire ! Aujourd’hui, je me pose le dimanche après-midi. Sinon je fais toujours quelque chose pendant leurs siestes.

Aujourd’hui comment vas-tu ?

Marie : Je vais beaucoup mieux, mes jumelles ont un an, et je sors petit à petit la tête de l’eau.

Il y a des hauts et des bas c’est sur mais je me sens mieux. Je consulte toujours une fois par semaine. Ne pouvant pas reprendre un travail à plein temps par rapport à la garde des jujus, je me suis maintenant à mon compte afin de gérer mon temps de travail et avoir un emploi du temps organisé en fonction des jujus car elles sont à la crèche trois jours par semaine, pour des raisons financières, un budget crèche pour deux coûte un rein !

Je travaille durant ces trois jours, le soir et le week-end. Puis, en général, mon conjoint est la pour le goûter en fin de journée et le reste de la journée heureusement. Et les autres jours c’est avec maman, et papa le week-end quand il n’est pas de garde.

Ma mère et ma sœur sont d’un grand soutien, elles m’aident quand je suis seule, en passant au moment du repas, m’aider à faire les bains. Sans oublier les marraines ! Il faut une bonne équipe autour de soi, la famille et les amis des piliers.

Plus d’interviews : Delphine, aide-maman à Amsterdam ; Faire la paix avec son corps et sa césarienne



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Média sur le post-partum

Je m’appelle Sophie, je suis journaliste et l’heureuse maman d’un petit garçon né en octobre 2019. Après sa naissance, je me suis vite rendue compte que la grossesse ne s’arrête pas au bout de neuf mois. Car oui, il existe bien un quatrième trimestre, une période où la maman va avoir besoin de se reposer afin de récupérer et reprendre des forces. J’ai donc décidé de mettre mes compétences de journaliste au profit de cette thématique à travers un compte Instagram, un podcast et un magazine.

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