Ayla Saura : « Je suis très contente de voir que le sujet est enfin sorti sur le tapis »
Ayla Saura a plusieurs cordes à son arc. Elle est libraire, à Rennes mais elle est aussi co-autrice de Nos post-partum, paru ce début d’année aux éditions Mango.
– Le post-partum, tu en avais déjà entendu parler avant/pendant ta grossesse ? Est-ce que tu l’avais préparé ?
« Oui j’avais déjà entendu parler du post-partum mais je croyais que pour que ça se passe bien, il fallait simplement remplir son congélateur de plats tout prêts et rester dans sa bulle avec son bébé. Je ne savais pas que la fatigue rendrait la communication si compliquée, que je serais tellement fatiguée que j’aurais du mal à dormir et que je me sentirais à ce point seule et désemparée….Et c’est incroyable parce que j’ai l’impression que les premiers mois de post-partum se sont complètement effacés de ma mémoire. Ils n’existent pas dans ma tête en dehors des premiers jours. Je ne comprends pas trop pourquoi tout est si flou. La fatigue peut être… »
– Qu’est-ce qui t’a paru le plus difficile ?
« Le plus difficile, je dirais que c’est le manque de sommeil et la solitude. L’impression que tu es dans une grande détresse et que le monde continue de tourner sans toi, sans que personne ne t’accorde un regard, un peu de sollicitude… Le manque de sommeil ça rend fou. Et en même temps je trouve épatant que l’on tienne quand même…. »
– Et à l’inverse, le plus facile ?
Le plus facile ? Étonnamment je ne trouve pas quoi que ce soit qui ait été facile. Ni l’allaitement, ni l’impression que les suites de l’accouchement ne sont que douleurs. Peut-être la chance incroyable que j’ai eu d’avoir un ventre qui dégonfle tout seul. Je n’ai pas eu ce fameux ventre d’après l’accouchement. Un peu plus mou certes mais pas du tout gonflé. C’est peut-être ça le plus simple. Mais c’est peanuts à côté du reste. »
– Si c’était à refaire, que ferais-tu différemment ?
« Je solliciterai du monde. Tout le monde. Je n’hésiterais pas à dire que j’ai besoin d’aide, besoin d’une présence, d’une oreille attentive, d’une épaule sur laquelle pleurer et me reposer. Je dirais à ma mère de venir tout de suite, je dirais à mon mec de prendre le relais pour faire dormir l’enfant sur lui. Je ne ferais pas gentiment le thé aux personnes qui viennent me rendre visite. Et je crois aussi que je ne reprendrai pas aux 2 mois et demi de mon enfant. J’irai me faire masser. J’habituerais mon enfant au biberon dès le premier mois afin de ne pas stresser si je m’absente 1 heure. Je bookerais un massage à domicile. Ah, et aussi je prendrais un abonnement à l’une de ses applications où l’on peut avoir un pédiatre en ligne tout le temps. Cela m’enleverait des angoisses inutiles en pouvant poser toutes les questions qui me passent par la tête. Bref, y’a plein de choses que je ferais différemment ! »
– Le hashtag #monpostpartum et tout le mouvement qui a suivi, qu’est-ce que ça représente pour toi ?
« Le #monpostpartum, c’est une très grande fierté. Je suis très contente de voir que le sujet est enfin sorti sur le tapis, qu’il y a enfin des livres sur le sujet, que les femmes osent enfin se montrer et montrer sa réalité et pas seulement cette image heureuse et épanouie… »
– Pour toi, le post-partum, c’est…
« Pour moi le post partum c’est enfin fini ! 2 ans après la naissance de ma fille je peux dire que je ne me sens plus en post-partum. Mais ce fut long et douloureux… »
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