Témoignage : Le vide émotionnel
Quand Delphine a envoyé son témoignage, elle écrivait qu’elle avait l’impression de passer à côté de son Quatrième trimestre. Qu’elle aimerait ressentir des émotions, qui lui permettraient de s’ancrer dans l’instant présent. Delphine avait préparé son post-partum mais un décès soudain dans sa famille lui a ôté tout sentiment.
« En fait, je vous envie ! Vous ces mamans, nouvelles mamans qui vous posez un milliard de questions. Vous qui avez peur de laisser votre bébé à garder ne serait-ce que pour un seul rendez-vous. Vous qui avez peur dès que vous le pose pour dormir la nuit et qui subissez les insomnies de ce nouveau rôle maternel. Vous qui avez le baby blues à cause de la baisse d’hormones, à cause du changement de vie, à cause peut-être parfois du manque de vos proches parce qu’il est évidemment parfois difficile de continuer à voir autant ces amis avec un nouveau-né. Vous qui avez du mal à vous regarder dans le miroir alors que les marques de votre grossesse sont les plus belles blessures qu’un corps peut avoir. Vous qui avez peur de ne pas avoir l’instinct de mère alors que chacun gère à sa manière ce changement de vie radical. Vous qui pouvez aller pleurer auprès de vos mères pour les questionner sur comment elles faisaient à l’époque. Vous qui avez peur de reprendre le travail et de laisser votre petit bout de chou.
C’est paradoxal, je le sais, mais je vous envie parce que vous avez la chance de ressentir des émotions. Qu’elles soient bonnes ou mauvaises, elles sont là et elles permettent de guider vos choix. Le tourbillon de la vie ne m’a pas donné cette chance là. J’ai perdu ma propre mère fatalement 24 heures après mon accouchement… Etre mère et en avoir une en même temps était apparemment incompatible.. La vie m’a volé l’épanouissement de la naissance mais aussi la peine du deuil que je n’arrive pas vraiment à ressentir. Je suis vide d’émotion. La balance des émotions est retourné au point zéro et semble bloquée…
Je dors comme un bébé parce que mon corps et mon esprit sont épuisés de tous ces événements. Je crois qu’au fond je ne me pose d’ailleurs aucune question : je prends les choses comme elles viennent. Chaque jour, chaque pas terminé permet d’avancer vers le prochain. Mais ce quatrième trimestre à moi se résume au manque de peur, manque de questions, manque de sens tout simplement. »
Delphine m’a envoyé son témoignage au mois de mai. Aujourd’hui elle a repris le travail et ses émotions sont revenues.
Retrouvez la communauté Instagram Le Quatrième trimestre
Si vous avez aimé ce témoignage, vous pouvez (re)lire celui d’Amandine « La vie de couple après bébé », ou celui de Mylène « Une fatigue anormale après l’accouchement ».