Sophie Adriansen : « Des récits moins édulcorés peuvent devenir des soutiens »

Sophie Adriansen a publié, au mois de juin, Hystériques, un roman choral qui aborde les thèmes de la maternité, de la transmission et de l’héritage. Elle est également l’autrice d’une BD sur le post-partum, La remplaçante, illustrée par Mathou.

– Ce n’est pas la première fois que tu abordes le sujet de la maternité dans tes écrits : c’est un thème qui te tient particulièrement à cœur ? Pourquoi ?

Sophie Adriansen : « La maternité dans tous ses aspects est un sujet qui me passionne depuis plus de quinze ans. J’ai précédemment abordé le désir de maternité (Le Syndrome de la vitre étoilée), puis les aspects physiques, émotionnels et politiques de la grossesse et de l’accouchement (Linea nigra). Dans ce dernier roman, j’évoquais déjà la question des débuts de la maternité, sujet qui est au coeur de ma BD La Remplaçante, dessinée par Mathou. Dans Hystériques, il est plus particulièrement question de filiation, de transmission et d’héritage entre les générations, dont on décide de s’affranchir ou pas. Je trouve tout cela fascinant et nous sommes tous concernés car, que nous soyons ou non parents, nous sommes tous nés. »


– Dans ton dernier roman Hystériques, on part à la rencontre de trois sœurs : c’était important pour toi de montrer la pluralité des expériences ?

Sophie Adriansen : « Il y a autant d’histoires que d’individus et je voulais ici montrer comment, à partir d’un héritage commun, on peut choisir des directions différentes. Mes héroïnes, Diane, Clémentine et Noémie, réagissent chacune à sa manière par rapport à ce que leur mère leur a transmis, et font des choix bien à elles concernant leur propre maternité. En proposant des trajectoires variées, je voulais aussi multiplier les possibilités d’identification. »

 
– Il est aussi question d’utérus et d’intimité : ce sont des sujets que tu pouvais aborder facilement, toi, avec ta famille ?

Sophie Adriansen : « Pas du tout ! Chez moi, ces questions étaient tabous. Quand j’ai voulu les aborder, on m’a mis entre les mains un ouvrage théorique sur le corps et la sexualité, illustré de façon très figurative, et j’ai dû me débrouiller avec ça. J’ai donc cherché les réponses ailleurs, auprès de copines, de romans qui racontaient des expériences d’ados, ou en faisant mes propres expériences. »


– Ce mot « hystérique » qui revient souvent : c’est quelque chose qu’on t’a dit à toi, que tu étais hystérique ?

Sophie Adriansen : « C’est un mot que j’entends souvent, sans qu’il me soit adressé particulièrement mais il est dans l’air, dans le vocabulaire, employé avec une grande facilité quand un individu de sexe féminin se met en colère… et cet usage m’agace, j’avoue ; pour moi, c’est du même ordre que de demander « Tu as tes règles ? » à une femme qui n’est pas d’accord ou mécontente. C’est inapproprié. »

– Est-ce que tu trouves que la représentation de la maternité, que ce soit dans la littérature mais aussi plus globalement dans notre culture est assez représentative de la réalité ?

Sophie Adriansen : « Je trouve qu’on est en bonne voie mais qu’il y a encore à faire ! La parole se libère et de nouvelles voix font entendre des récits moins édulcorés, qui peuvent devenir des soutiens, de véritables compagnons de route. C’est formidable. Toutefois, des dents grincent toujours, certain.e.s continuent de penser que toute vérité n’est pas bonne à dire… J’ai espoir que cela évolue dans le bon sens car les jeunes générations sont prêtes à recevoir cette représentation de la maternité plus conforme à la réalité. Et je tente d’y contribuer, un peu, à ma manière. »


– Quels romans à ce sujet t’ont marqués ?

Sophie Adriansen : « Ils sont si nombreux… On a la journée ?  Dans le désordre, Lait noir d’Elif Shafak (qui interroge la possibilité de concilier création artistique – en l’occurrence écriture – et maternité), Chambre 2 de Julie Bonnie (qui se déroule dans une maternité), Mon amour, de Julie Bonnie encore (sur le couple après l’arrivée d’un enfant), Maternité de Françoise Guérin (sur la difficulté maternelle), La femme brouillon d’Amandine Dhée (le titre est suffisamment explicite), Toutes les femmes sauf unes de Maria Pourchet (sur la transmission maternelle) et plus récemment L’intimité d’Alice Ferney (qui met notamment en scène un désir de maternité chez une femme non active sexuellement), Nouvelle mère de Cécile Doherty-Bigara (sur le nouvel équilibre à trouver à trois) ou encore Que rien ne tremble d’Anne-Sophie Brasme (qui aborde le burn-out maternel). Je pourrais continuer… »


– Est-ce que, quand tu lis ou relis des romans que tu avais pu lire avant d’être maman, et qui en fait, abordent la maternité en filigrane, tu les perçois d’une manière différente ?

Sophie Adriansen : « Il y a tant de romans nouveaux à découvrir que je relis peu. Néanmoins, je l’ai fait pour Chambre 2 de Julie Bonnie, qui avait été un vrai choc pour moi à sa parution. Je l’ai relu après mon premier accouchement, et après mon deuxième. Eh bien, chacune de ces trois lectures a été très différente, je ne m’arrêtais pas sur les mêmes passages, n’étais pas remuée par les mêmes chapitres… sans doute car je n’étais pas exactement la même personne de fois en fois. »

Le blog de Sophie Adriansen


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Je m’appelle Sophie, je suis journaliste et l’heureuse maman d’un petit garçon né en octobre 2019. Après sa naissance, je me suis vite rendue compte que la grossesse ne s’arrête pas au bout de neuf mois. Car oui, il existe bien un quatrième trimestre, une période où la maman va avoir besoin de se reposer afin de récupérer et reprendre des forces. J’ai donc décidé de mettre mes compétences de journaliste au profit de cette thématique à travers un compte Instagram, un podcast et un magazine.

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