Dalila Pilot : « On ne choisit pas ce métier au hasard »
Portrait d’une psychologue clinicienne spécialisée en périnatalité
Quel est ton parcours ?
« Je suis psychologue clinicienne depuis 11 ans, spécialisée en périnatalité.
Ma pratique a débuté en institution auprès d’enfants autistes. J’ai ensuite travaillé en milieu hospitalier auprès de mères atteintes de dépression du post-partum et participé à la mise en place de suivi thérapeutique ainsi que d’ateliers sur l’estime de soi. J’ai aussi exercé en lieu d’accueil parents-enfants. D’ailleurs je recommande ces espaces pour la richesse des rencontres et pour briser la solitude du post-partum. J’ai également travaillé à l’éducation nationale en collège et lycée.
Après ces 5 années d’expérience j’ai décidé de m’installer en libérale et d’avoir une approche intégrative de la psychologie.
Aujourd’hui, je pratique en région parisienne et propose aussi des consultations en ligne. Mon activité est passionnante et me permet de bénéficier d’un bon équilibre professionnel et familiale. En effet, l’aspect qui m’a fait mûrir dans ma pratique fut la maternité : j’avais beau avoir écris mon mémoire sur la relation mère-enfant et avoir complété mon cursus avec un diplôme universitaire en psychisme et périnatalité, le fait de devenir mère a complètement changé ma vision de la prise en charge parentale et m’a donné cette envie de transmission.
Qu’est-ce qui t’a amenée vers ce métier ?
« On ne choisit pas ce métier au hasard, il y a souvent des motivations personnelles en lien avec sa propre histoire. Pour ma part j’ai eu une belle enfance mais elle était marquée par un entourage qui souffrait à cause d’un secret de famille, j’ai découvert au fur et à mesure et par curiosité les difficultés psychiques, la dépression, les tabous autour de la maladie mentale et j’ai voulu comprendre les schémas de répétitions de ma propre famille. Je me suis donc orienté vers la psychologie, sans doute pour trouver des réponses face aux non-dits, dans l’idée plus ou moins consciente de pouvoir transformer ma propre souffrance et, qui sait, celle de ma famille.
A l’âge de 20 ans j’ai consulté une psy, celle-ci m’a dit une phrase qui résonne toujours en moi : « essayez de faire de la souffrance personnelle une création », Serge Tisseron. »
– Quelles sont tes valeurs ?
« La bienveillance, le respect, le non jugement de l’autre et l’acceptation. Et je rajouterai l’honnêteté. »
Ce que tu souhaites transmettre à travers ta pratique ?
« Je souhaite donner la possibilité à chaque personne d’être proactive dans le processus thérapeutique, l’accompagner dans son cheminement et son épanouissement personnel.
Je souhaite également transmettre une meilleure estime à mes patients (sans doute car j’en ai souffert pendant plusieurs années). Les aider à accepter d’être imparfaits ce qui améliore l’estime de soi… Leur apprendre à déconstruire les croyances limitantes, à considérer les erreurs comme l’opportunité de s’améliorer et non comme des imperfections ou des échecs. Et à cultiver l’amour de soi au quotidien. »
– Pour toi, le post-partum, c’est…
« La définition d’une tempête émotionnelle : un mélange d’émotions, de ressentis et de pensées qui amènent une confusion totale dans notre vie (autant sur le plan physique que psychique). Comme le vent qui claque de toute ses forces sur une maison, nos fondations sont ébranlées : nouvelle identité, sentiment de responsabilité, ambivalence, culpabilité, frustration de sommeil…). Puis peu à peu les éclaircies apparaissent et nous apprenons à naviguer malgré les tempêtes, à accepter les nuages qui passent et à nous concentrer sur notre petit rayon de soleil. »
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