Adrien Taquet : « Il faut une implication partagée entre les deux parents »

Avec l’entrée en vigueur, le 1er juillet 2021, de la modification du code du Travail concernant le congé paternité et l’accueil de l’enfant, Adrien Taquet a livré, au Quatrième trimestre les motivations qui l’ont poussé à mettre en place cette nouvelle loi. Une avancée sociétale, selon le secrétaire d’État chargé de l’Enfance et des Familles auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, qui s’inscrit dans une réflexion plus globale sur les congés familiaux et la place du co-parent.

Adrien Taquet, secrétaire d’Etat chargé de la protection de l’enfance
  • Pourquoi était-ce important de faire évoluer la législation à propos du congé paternité ?
    Adrien Taquet : « Tout d’abord, on sait, de par les neurosciences, que la présence des parents auprès de l’enfant au cours des mille premiers jours est importante pour développer les liens d’attachement. J’évoque aussi l’égalité entre les femmes et les hommes : il faut qu’il y ait une implication partagée entre les deux parents, évidemment. Et plus globalement, c’est pour moi une première étape. Il était important d’allonger le congé paternité. Cela s’imbrique dans une réflexion de refonte globale de ce que j’appelle les congés familiaux, qui comprend aussi le congé parental, le congé de naissance, le congé de mariage, pour les enfants malades, etc. Un certain nombre de droits fondamentaux ont été instaurés, souvent par strates successives, parce que cela correspondait soit à l’état de la Science, soit à des revendications sociales. C’est très bien mais nous sommes à un moment où il faut prendre le sujet globalement. Je pense que cette réforme du congé paternité est une réforme sociétale majeure du quinquennat . J’ai chargé Julien Damon, universitaire spécialiste des politiques familiales, et Christel Heydemann, présidente de Schneider France, de mener une enquête sur l’articulation entre vie professionnelle et vie familiale dans laquelle il y a notamment une réflexion sur la refonte des congés familiaux.»
  • Quand vous parlez des congés familiaux, vous pensez à une réforme qui tendrait davantage vers le modèle norvégien ou canadien,  avec plus de partages entre les parents ?
    Adrien Taquet : « Oui, absolument, c’est ce que j’imagine. D’une part, une approche qui intègre l’ensemble de ces congés mais avec plus de modularité et de partage. Mais je ne sais pas si c’est ce qu’il faut faire. Parce que d’une part, je ne peux pas préjuger du travail que j’ai demandé à d’autres de mener et deuxièmement, il faut évidemment s’inspirer des modèles étrangers mais en ayant conscience des limites. La Finlande, par exemple, n’est pas la France. Elle n’a pas la même démographie. Donc, il faut être juste et précautionneux. De plus, les modèles nordiques auxquels on se réfère souvent, et qui sont formidables, ont mis 50 ans à se forger et certains puisent dans les aspects culturels qui ne sont pas les mêmes chez nous. Cela ne veut pas dire que ce n’est pas possible mais qu’il faut se méfier des solutions faciles qui consistent à plaquer un modèle sur un autre. Par ailleurs, il faut bien comprendre que ces sujets dont on parle ont des implications assez conséquentes. Par exemple, en Suède, vous avez, je crois, 14 ou 16 mois de congés familiaux avec une part obligatoire pour chacun des deux conjoints, mais il n’y a pas de crèche avant un an car on considère que l’enfant est auprès des parents. Ce genre de réflexion a donc une incidence sur la politique des modes d’accueil.»
  • Avant la conclusion de ce rapport, comment avez-vous nourri votre réflexion ?
    Adrien Taquet : « Nous avons d’abord lancé une réflexion scientifique autour des mille jours de l’enfant avec la commission Cyrilnuk et un des sujets sur lesquels nous avions mandaté cette équipe de scientifiques concernait les congés. Il y a eu un deuxième travail mené, qui était pour moi d’aller à la rencontre de mille parents pour parler des mille jours. J’ai donc fait beaucoup de rencontres et de tables rondes à ce sujet. C’était passionnant et la question du congé paternité était systématiquement évoquée, même quand ce n’était pas l’objet de la rencontre. Cela a beaucoup nourri ma réflexion sur le sujet et une rencontre m’a beaucoup marquée, au CHU de Clamart où un papa m’avait dit : « Vous savez monsieur, je suis manutentionnaire et mon patron m’a dit « c’est pas toi qui est enceinte. » La réalité, c’est que vous avez 70% des pères qui prennent aujourd’hui leur congé. Et parmi eux, 90% de gens en CDI et 47% en CDD. Il y a donc une grande inégalité devant ce congé paternité. Sans faire de généralité, il ne faut pas nier qu’il existe encore une pression sociale quand vous êtes dans une situation professionnelle et sociale précaire. Et c’est inadmissible. C’est la raison pour laquelle j’ai fait en sorte qu’il y ait une semaine obligatoire.»

L’interview complète d’Adrien Taquet est à lire dans le deuxième numéro de la revue du Quatrième Trimestre.

Tout savoir sur le congé paternité


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Je m’appelle Sophie, je suis journaliste et l’heureuse maman d’un petit garçon né en octobre 2019. Après sa naissance, je me suis vite rendue compte que la grossesse ne s’arrête pas au bout de neuf mois. Car oui, il existe bien un quatrième trimestre, une période où la maman va avoir besoin de se reposer afin de récupérer et reprendre des forces. J’ai donc décidé de mettre mes compétences de journaliste au profit de cette thématique à travers un compte Instagram, un podcast et un magazine.

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