Témoignage : Le deuil de l’allaitement
En post-partum, chaque vérité est différente et c’est aussi le cas pour la mise en place de l’allaitement. C’est pourquoi il est important de se faire accompagner. Voici le témoignage de Laure-Emmanuelle.
» Pendant ma grossesse je me disais que je voulais allaiter mais sans être catégorique. Ayant eu recours à une réduction mammaire je gardais en tête qu’il serait possible que je n’arrive pas à allaiter. Je me disais : “On verra bien si j’ai du lait“. Je n’ai d’ailleurs pas été préparée aux difficultés possibles.
A la naissance de Léonore je vois que j’ai du lait et que je peux la mettre au sein. Je ressens alors un sentiment de bien être et de plénitude. Pour moi, l’allaitement devient une évidence. Mais comme elle est née à 2,4 kg, on me demande de la complémenter au biberon. La tétée de bienvenue est, elle aussi, malmenée, car ayant eu la péridurale et une poussée de 30 minutes, Léonore est un peu endormie. On m’impose donc de lui donner le biberon.
Je ne connaissais pas l’existence d’autres contenants et Léonore fait la confusion jusqu’à refuser le sein. A la maternité, au fil des jours les, tétées sont de plus en plus compliquées. Au retour à la maison, la sage-femme me dit de ne plus la mettre au sein car elle est trop faible pour téter. Elle me propose de tirer mon lait, puis remettre Léonore au sein d’ici quelques semaines.
Par manque d’accompagnement j’ai arrêté mon (tire-)allaitement pour, 15 jours plus tard, tenter une re-lactation. Je me suis renseignée, j’ai cherché de l’aide auprès de l’association Allaitement Tout Un Art (ATUA) et j’ai fait appel à une consultante en lactation. Malgré tous mes efforts, cela n’a pas abouti à cause d’un RGO (reflux gastro-œsophagien) sévère dont souffrait Léonore, et les mises au sein étaient impossibles. J’ai alors pris la décision définitive de mettre fin à notre aventure lactée.
Le temps passe et j’y pense constamment. Je me suis nourrie de livres, d’informations, j’ai lu et appris. L’allaitement faisait partie de mon quotidien sans pouvoir le pratiquer. Je le vivais de plus en mal, au point de partir lorsque des amies mettaient leurs enfants au sein. C’était pour moi insoutenable jusqu’à m’effondrer. C’est donc 5 mois après avoir mis fin à mon allaitement que j’ai décidé de contacter ma consultante IBCLC pour lui faire part de mon mal être et lui demander de l’aide. Elle m’a écoutée et comprise, elle m’a poussée à partager mon expérience pour me libérer.
A ce moment-là, j’ai commencé à partager mon expérience sur les réseaux et à échanger avec des mamans. J’ai également pris l’initiative de postuler auprès de l’association ATUA pour devenir lact’aidante et moi aussi venir en aide aux mamans en difficultés, comme je l’ai moi même été. Même si je suis encore pleine de regrets, je me sens aujourd’hui mieux et le cœur plus apaisé. J’accompagne les mamans grâce à mon expérience personnelle et à mes connaissances.
Je sais, en revanche, que j’aurais beaucoup d’attentes pour un prochain bébé et il sera tout de même important que je me fasse accompagner dans mon projet d’allaitement. »
Plus de témoignages : Amandine, La vie de couple après bébé ; Anne-Myrtille, Quand l’amour naît pas à pas