Témoignage : La pilule magique

Pour cette rentrée, je vous propose le témoignage de @stephanieuhmann. Un texte qui parle de la charge mentale et dans lequel, beaucoup de jeunes mères se reconnaîtront.

« Et un jour j’ai repris le travail. Quelque temps après ma reprise, un rendez-vous est programmé avec la médecine du travail, il est appelé « rendez-vous de reprise après maternité ».

Je me dis tiens, voilà une bonne occasion de discuter avec un professionnel de santé, lui demander comment font les autres mères, y-a-t-il une vitamine dont je n’ai pas connaissance qui me permettrait de ne pas avoir l’impression de courir tout le temps et de mener un vrai contre la montre permanent ?! Parce que comme beaucoup de mamans et pour des raisons aussi différentes que semblables c’est sur moi que repose la logistique maison / crèche / école. Papa aimant et présent commence plus tôt et finit plus tard.

Alors le matin, je cours. Je cours à la crèche, je donne le lait tiré la veille, oublie le doudou dans ma poche, fait un dernier sourire, remonte dans la voiture, dépose la grande à la maternelle, retour à la maison pour une journée en télétravail. Et le marathon continue. Là commence le marathon charge mentale : penser à préparer le repas, mettre le goûter de demain dans le sac, penser à faire tourner une machine, zut, il n’y a plus assez de couches…

Répondre aux mails, toujours professionnelle, ne rien oublier, être enthousiaste concernant les nouveaux projets, montrer de l’ambition, avoir de nouvelles idées, penser au repas du soir, répondre aux mails urgents, tirer mon lait, laver tout l’attirail de l’appareil, bénir le 100% télétravail pour alléger la logistique liée au recueil du lait maternel. Reprendre le travail, passer des coups de fil, penser à aller chercher les vaccins à la pharmacie pour la plus petite.

17 heures : la journée de travail se termine. Re-bénir le 100% télétravail parce que tu n’as pas à subir les regards réprobateurs des collègues qui trouvent que tu pars bien trop tôt, que t’es une « fonctionnaire » ou du gros lourd qui te demande si t’as pris ton aprem. Te rendre à la crèche, oublier de demander la quantité de lait qu’il reste pour le lendemain, angoisser à l’idée que la voiture soit pas assez chaude pour ton petit bébé, aller à la garderie récupérer la grande, se contorsionner pour lui refaire son lacet avec la petite dans les bras. Rentrer à la maison, et là c’est encore la course, les douches, le repas, le dodo. Profiter un peu de ton petit bébé qui se couche à 18h. Manger, lire deux histoires pour la grande, monter une fois parce que « j’ai soif » et une deuxième fois parce que » j’ai envi de faire pipi ». Te poser un peu pour faire autre chose qu’une succession d’obligations, mais regretter déjà de monter te coucher à 21 h 30 parce que tu sais que tu vas avoir deux tétées dans la nuit et un réveil à 5 heures…

Alors j’entre dans ce cabinet médical, toute confiante sur la pilule magique que ce docteur devrait me donner, cette vitamine qui me permettrait d’assurer, au travail et à la maison. Je m’assois, le gentil docteur me demande mon nom, mon prénom, l’intitulé de mon poste, comment j’ai accouché et comment s’appelle ma petite fille. L’aînée ? Oui une fille aussi. « Oh mais dites moi, vous ne faites que des filles. » Oui vraissemblablement. Le gentil docteur prend ma tension. « 12. C’est parfait 12, vous êtes en pleine forme. Super, allé je vous sors votre papier, un pour vous, un pour l’employeur, au revoir, merci. »

Je sors abasourdie. Non le docteur n’avait pas de vitamine magique. Il ne sait pas non plus enquis de savoir comment j’allais, ma tension lui suffisait. Savoir que je me sentais complètement en décalage dans ma vie professionnelle et cette impression d’être sans cesse en train de courir ça ne l’intéressait pas.

Mais après tout, qui est là pour les jeunes parents, les jeunes mères et pères qui jonglent ? Mes filles sont petites et un jour viendra, elles seront plus autonomes. Fortes de leur nouvelles compétences elles seront d’un grand secours pour leur maman. Mais dans cette période si fugace et si précieuse qu’est la petite enfance, qui aide leurs parents ? Le village n’est plus là, il a été balayé par la société moderne. Seules les aides que tu acquiers grâce aux deniers sonnants et trébuchants peuvent te servir de béquille. Et si tu ne peux pas, chaque instant est une étape de plus dans ton marathon quotidien.

Heureusement t’as droit à ton mercredi en congés parental, partiellement remboursé par la caf. Heureusement, sinon quel autre jour tu pourrais faire tes machines ? »

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Je m’appelle Sophie, je suis journaliste et l’heureuse maman d’un petit garçon né en octobre 2019. Après sa naissance, je me suis vite rendue compte que la grossesse ne s’arrête pas au bout de neuf mois. Car oui, il existe bien un quatrième trimestre, une période où la maman va avoir besoin de se reposer afin de récupérer et reprendre des forces. J’ai donc décidé de mettre mes compétences de journaliste au profit de cette thématique à travers un compte Instagram, un podcast et un magazine.

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