Préparer son animal à l’arrivée d’un bébé

Accueillir un enfant, quand on a un animal à la maison, nécessite quelques adaptations. Explications avec Géraldine Féry, docteure vétérinaire depuis 10 ans, et diplômée du CEAV en médecine du comportement.

L’arrivée d’un bébé peut être ressenti par notre animal.

– Les animaux (plus particulièrement chiens et chats) ressentent-ils la grossesse ? Est-ce que c’est un événement qui peut générer du stress pour eux ?

Géraldine Féry : « Oui, les animaux peuvent ressentir beaucoup de choses, notamment des changements hormonaux, de pression sanguin, de glycémie. Plusieurs clientes m’ont déjà rapporté que leur animal avait changé de comportement avant même qu’elles sachent qu’elles étaient enceintes. Certains vont devenir plus câlins, plus proches, ou d’autres plus distants. Mais il y a aussi tout le stress et l’agitation que nous avons, qui impacte leur comportement. Pour certains animaux, oui ça va générer du stress, mais pas tous. »


– Quand on prépare la maison à l’arrivée d’un bébé, y-a-t-il des choses auxquelles nous devons être attentifs pour nos animaux ? Devons-nous les préparer ? Comment ?

Géraldine Féry :  » Plein ! Déjà, il est conseillé de mettre en place les règles qui auront cours quand l’enfant sera là avant l’arrivée du bébé. Par exemple, si l’animal n’aura pas de doit d’entrer dans la chambre, c’est un apprentissage qui se fait à l’avance (et pas quand on est tou.te.s fatigué.e.s et avec moins de patience). Egalement, c’est un apprentissage et pas une punition, donc ça doit se faire au renforcement positif (récompenser le bon comportement). On peut aussi mettre une petite barrière à bébé à l’entrée de la chambre pour aider le chien à visualiser qu’il ne peut pas y aller.
Ensuite, on sait que quand l’enfant sera là, on aura moins de temps pour l’animal. Donc progressivement, on va l’habituer au nouveau budget d’activité qu’il aura (moins de sorties, moins d’interactions sociales, etc.) C’est important de garder quelques moments privilégiés avec l’animal. Par exemple, un moment (même court) avec l’animal le matin et l’après-midi (de façon un peu prévisible pour l’animal, car plus l’animal sait ce qui va se passer, moins c’est stressant pour lui). Si on a un chien qui a des forts besoins de dépense physique, on peut aussi envisager de prendre un pet sitter pour le sortir régulièrement tant qu’on ne peut pas (ou des proches). Pour un chat (et aussi pour un chien), qui aura peut être moins de temps d’interaction avec nous, on peut l’habituer à faire de la recherche de nourriture (avec des puzzle feeders) pour augmenter son occupation en solitaire et compenser le changement de budget d’activité. Le temps passé à chercher la nourriture pour manger se déduit du temps où l’animal n’a rien à faire et pourrait s’ennuyer.
je conseille aussi aux parents d’apprendre au chien à marcher à coté de la poussette avant qu’il y ait un enfant dedans, d’installer tout le matériel à la maison à l’avance pour que l’animal apprenne que ça fait partie de l’environnement. Idem pour la voiture : si la place de l’animal va changer, on peut mettre tout en place avant, pour éviter le stress supplémentaire pour nous (et pour l’animal) quand le bébé sera là.
On peut aussi diffuser de temps en temps des sons d’enfants pour que l’animal s’habitue aux bruits (rires, pleurs, babillages). Le but est d’habituer l’animal à ne pas trop y réagir : on diffuse le son doucement, on l’occupe avec un jouet ou autre qui le met dans un état émotionnel positif, et on augmente progressivement le son (quelques secondes/minutes tous les jours).
Pour les chats, qui aiment le calme, on vérifiera que les ressources clefs type nourriture, litière et dodo, ne sont pas dans des endroits qui vont devenir bruyants/ lieu de passage etc. S’il y a des choses à déplacer, on le fait plusieurs semaines à l’avance. Par exemple, on peut ajouter une autre litière à un endroit qui sera calme, puis au bout de quelque semaine, supprimer l’ancienne qui se trouvait à un endroit inadapté.

Si l’animal présente des comportements indésirables, s’il y a des soucis, des choses qu’on ne comprend pas, c’est encore le moment, avant la naissance, de consulter un.e vétérinaire qui fait de la médecine du comportement afin de poser un diagnostic, d’éliminer les éventuelles causes médicales qui pourraient être impliquée, et ensuite, de mettre en place la thérapie comportementale adaptée à l’animal et à la famille. »

« Il est conseillé de mettre en place les règles qui auront cours quand l’enfant sera là AVANT l’arrivée du bébé »

– Est-il possible que l’animal soit jaloux de l’arrivée d’un ou plusieurs bébés ? Comment y remédier ?

Géraldine Féry :  » L’animal n’est pas jaloux : ses capacités cognitives ne lui permettent pas d’avoir des arrières pensées comme ça. En revanche, l’animal sent qu’on lui consacre moins de temps. Il peut s’ennuyer et chercher à avoir de l’attention pour compenser ce changement dans son budget d’activité. L’animal peut aussi être stressé car on est fatigué.e et moins patient.e avec lui. Pour y remedier : adapter son budget d’activité à l’avance, s’assurer qu’on répond à ses besoins éthologiques (sous peine de voir des comportements indésirables apparaître), et avoir quelques moments dédiés à l’animal, certains avec l’enfant, d’autres sans, mais surtout, à des moments prévisibles. Bien sûr, à heure fixe, cela me parait compliqué mais par exemple : on couche le bébé, on mange puis on a 15 minutes pour l’animal. On peut aussi s’assurer que l’animal ne se sente pas exclu de la famille en l’incluant dans certaines activités (sorties, câlins collectifs, etc.) »


– Y-a-t-il des règles d’hygiène à respecter ?

Géraldine Féry :  » On veillera à bien déparasiter l’animal régulièrement (antipuce, vermifuge), notamment parce que les vers de l’animal sont facilement transmissible à l’enfant (qui peut mettre les mains à la bouche par exemple après avoir touché l’animal ou un de ses objets, comme le panier ou un jouet). Je conseille aux propriétaires de faire le stock de croquettes, vermifuge, antiparasitaire, et médicaments fréquemment utilisés (si l’animal a une pathologie chronique) pour ne pas se retrouver à court dans les premiers mois quand on n’a pas trop le temps de passer chez le vétérinaire). Le vermifuge pour le chat et le chien, c’est a minima tous les 3 mois quand il y a un enfant à son contact. »

On veillera à bien déparasiter l’animal régulièrement.

Deux définitions importantes pour bien comprendre :
les besoins éthologiques d’un animal (et donc pas les besoins physio qui sont : manger, boire, dormir, faire les besoins, etc.) sont les besoins propres à l’espèce et aussi à l’individu (pour son bien-être): le temps de balade/sortie, les interactions sociales (avec les humains, mais aussi avec les individus de son espèce, surtout pour le chien qui est une espèce sociale), dépense physique, mentale, jeu, masticatoire, recherche de nourriture etc. Ils dépendent de l’espèce, de la race, et de l’individu.
le budget d’activité (ou budget-temps) : C’est la proportion de temps que passe un animal à chaque activité sur 24 heures : dormir, se déplacer, manger, jouer, interagir, etc. Par exemple, le temps passé à se déplacer pour chercher à manger est du temps de repos en moins, etc. Chaque activité se fait aux dépends d’une autre puisque les 24 heures sont incompressibles.

Géraldine Féry est docteure vétérinaire depuis 10 ans, et diplômée du CEAV en médecine du comportement en 2015. Elle habite en Alsace avec son amoureux, et leurs 2 chiens, 3 chats, 2 lapins et 1 tortue.

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Je m’appelle Sophie, je suis journaliste et l’heureuse maman d’un petit garçon né en octobre 2019. Après sa naissance, je me suis vite rendue compte que la grossesse ne s’arrête pas au bout de neuf mois. Car oui, il existe bien un quatrième trimestre, une période où la maman va avoir besoin de se reposer afin de récupérer et reprendre des forces. J’ai donc décidé de mettre mes compétences de journaliste au profit de cette thématique à travers un compte Instagram, un podcast et un magazine.

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