Covid-19, grossesse, accouchement et post-partum : ce qu’il faut savoir
Difficile d’y voir clair dans cette période si particulière de reconfinement et à la suite du nouveau pic de l’épidémie du Covid-19. D’autant plus que, ce qui était valable entre les mois de mars et mai, ne l’est plus aujourd’hui et que les préconisations fluctuent et varient en fonction des départements et des maternités. Afin de démêler le vrai du faux, on fait le point avec Marianne Benoit Truong Canh, vice-présidente du Conseil national de l’Ordre des sages-femmes.
Marianne Benoit Truong Canh, vice-présidente du Conseil national de l’Ordre des sages-femmes
Les cours de préparation à l’accouchement
Les sages-femmes suivent les nouvelles préconisations de la Direction générale de la Santé (DGS) en favorisant la visio. « L’idéal serait de prévoir un échange en visio avec sa sage-femme afin d’organiser les cours en fonction du type de préparation que souhaite la future maman, explique Marianne Benoit Truong Canh. Mais il ne faudrait surtout pas les arrêter car ces cours sont hyper importants. »
Aussi, les cours en haptonomie sont toujours possibles, dans le respect des gestes barrière. Les cours en groupes à plusieurs, eux sont annulés.
Le/la partenaire pendant l’accouchement
Si le ou la partenaire n’a pas de symptôme lié au Covid, il est accepté dans toutes les maternités pendant tout l’accouchement (travail et poussée) mais devra porter un masque tout le temps.
Pour les suites de couches, la patiente choisit une seule et unique personne qui pourra venir en visite pendant des créneaux horaires limités. Mais à vérifier avec sa maternité.
« Le port du masque est un sujet très compliqué parce qu’on oppose le droit des mères au droit des soignants »
Marianne Benoit Truong Canh, vice-présidente du Conseil national de l’Ordre des sages-femmes
Le port du masque pendant l’accouchement
« C’est un sujet très compliqué parce qu’on oppose le droit des mères au droit des soignants, souligne la vice-présidente. Dans la mesure du possible, il faut accéder au choix des femmes et il est préférable qu’elles puissent pousser sans masque. » Toutefois, il n’existe pas, à ce jour de recommandation nationale. Elle poursuit : « Nous avons saisi la Haute Autorité de Santé. Seul l’Etat peut se positionner sur ce sujet. Il faudrait équiper toutes les maternités de masques FFP2, le plus sécurisant et le seul à protéger contre une personne sans masque. N’oublions pas qu’une femme qui pousse postillonne beaucoup et dans ce cas-là, le masque FFP1 n’est pas assez protecteur. » Problème : pour des raisons de budget (le FFP2 est beaucoup plus cher), de disponibilités et d’organisation de la maternité, le masque FFP2 n’est pas toujours possible.
Si la future maman est positive au dépistage du Covid
Chaque maternité a son protocole. En règle générale, une sage-femme équipée des pieds à la tête (charlotte, lunette pour les yeux, surblouse, surchaussures, masque et gants) lui sera dédiée. « Ce matériel n’est pour l’instant pas en surtension. En revanche, les services de maternité (et plus largement tous les services hospitaliers) le sont, précise Marianne Benoit Truong Canh. Avec les nouveaux protocoles, il faut remplir des tas de papiers administratifs, c’est un travail important. Et cela met les structures en tension. »
Rester le plus longtemps possible à la maison pendant la phase de travail ?
Mauvaise idée. « Il ne faut prendre aucun risque en plus pendant cette période où tous les services sont submergés et notamment le Samu et les ambulances, alerte l’Ordre des sages-femmes. Il faut, pour l’accouchement, faire comme on aurait fait deux ans en arrière. Si on sent que le bébé bouge moins, que les contractions sont douloureuses, etc., on part à la maternité ».
En revanche, si la future mère ou le/la partenaire présente des symptômes liés au Covi-19, il faut le signaler. « C’est important de rester vigilant. Pour soi mais aussi pour la sécurité de tous. »
Le dispositif Prado
Ce dispositif semble interrompu dans de nombreux départements. « L’idéal, assure la sage-femme, c’est de s’organiser avec la sage-femme qui assure son suivi de grossesse de manière à prévoir une visite après l’accouchement à son domicile. »
La rééducation du périnée
Sur ce point-là, Marianne Benoit Truong Canh a un avis très tranché : « Il faut absolument y aller. La rééducation du périnée avait été stoppée pendant la première vague et on voit les dégâts maintenant. Les sages-femmes ont très bien organisée leur cabinet et leur protocole. La rééducation du périnée doit se faire aussi bien d’un point de vue gynécologique que psychologique. On ne fait pas seule dans son coin, on consulte d’abord un professionnel de santé.»
Le suivi gynécologique
« Nous avons 6 mois de défaut de suivi gynécologique, se désole la vice-présidente. C’est très important pour la contraception et la détection des cancers. Il faut aller à ces rendez-vous, faire son frottis. Il ne faut pas renoncer aux soins. Nous n’avons plus le problème du manque de masques comme au premier confinement. Avec le protocole et les gestes barrière, le risque de transmission est très faible. »
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