Ecrire son quatrième trimestre pour mieux comprendre ce que l’on traverse

Les vertus de l’écriture sont nombreuses. Et elles le sont d’autant plus en post-partum, ce moment de la vie où les émotions sont exacerbées. Rencontre avec Claire Schepers, animatrice d’atelier d’exploration émotionnelle.

Ecrire pour se souvenir mais aussi pour comprendre.

– Écrire son quatrième trimestre, c’est important ? 

Claire Schepers : Je crois que c’est un beau cadeau à se faire à soi. D’abord, il y a la trace que cela laisse. On dit qu’on oublie. Et je crois que c’est vrai. On oublie les bas si bas mais aussi les hauts qui se faufilent inattendus. Garder une trace, c’est précieux. Mais au delà de se souvenir, écrire ce que l’on ressent quand on est aussi vulnérable et parfois si perdue, c’est un très bel outil pour mieux comprendre et mieux vivre ce quatrième trimestre.

Le chercheur américain James Pennebaker a étudié les effets de cette « écriture expressive » (écriture autour de ses émotions et de ce qu’on en pense) et les résultats sont surprenants : les résultats vont être psychologiques (se sentir mieux, plus serein.e) mais aussi physiques ; des études randomisées-contrôlés ont été menées sur des patients atteints de cancer et le groupe ayant pratiqué l’écriture expressive ont un taux de rémission beaucoup plus élevé.
Le post-partum n’est pas une maladie grave… Mais si les effets sont puissants au poids de jouer à ce niveau-là, pourquoi s’en priver dans un quotidien intense émotionnellement ?

– Comment es-tu venue à l’écriture et plus particulièrement à l’écriture intuitive ?

Claire Schepers : J’écris depuis que je sais écrire. J’écris des carnets, des articles, des histoires, des messages (ce n’est pas moi qui me mettrais aux messages vocales !), des lettres, des romans… Et l’écriture intuitive, le fait de coucher sur le papier ce qui vient comme ça vient, je le fais naturellement depuis toujours aussi. À côté de cela, depuis une dizaine d’années, je cherche a comprendre et me former sur ce qu’on appelle « la gestion des émotions » (même si depuis, je rejette le terme gérer pour les émotions).
Finalement, c’est en réalisant à quel point les ateliers d’écriture par la contrainte du temps limité et du partage des textes m’éclairaient sur ce que je ressentais (alors que ce n’est pas le but de base) que m’est venue l’idée de proposer l’exploration émotionnelle via l’écriture et notamment l’écriture intuitive qu’on partage.
Écrire c’est relativement simple, surtout en intuitive. Mais l’environnement dans lequel on le fait et les clés qu’on peut avoir pour une direction d’écriture et une analyse de ce qui sort feront toute la différence.

D’ailleurs James Pennebaker précise:  «  Un grand nombre de bonnes études scientifiques concluent que la simple expression d’une émotion n’est généralement pas bénéfique en soi. Les gens doivent apprendre à reconnaître et à identifier leurs réactions émotionnelles. La parole (et d’autres formes d’expression) est bénéfique lorsqu’elle aide les gens à donner un sens à leurs expériences. » C’est exactement cela qui m’a poussé à proposer de faire de l’exploration émotionnelle. Avec l’écriture intuitive mais aussi mes autres outils magiques : l’environnement bienveillant et des clés pour comprendre le fonctionnement émotionnel.

« On dit qu’on oublie. Et je crois que c’est vrai. On oublie les bas mais aussi les hauts qui se faufilent. »

– Pourquoi les mots qui sortent ne sont pas forcément ceux qu’on aurait souhaité et comment réussir à les analyser ? Faut-il justement les analyser ?

Claire Schepers : Ce qui sort, c’est ce qui vient. Ça peut venir de tes émotions profondes mais ça peut aussi venir de pensées parasites qui ne sont pas foncièrement toi. En fait, en intuitif, le cerveau prend le chemin le plus facile. En chemin facile, tu as les émotions, qui arrivent avant les réflexions mais tu as aussi les trucs qu’on t’a répété et que tu t’es répété…Donc ce qui sort n’est pas forcément ce qui vibre au fond de nous.
Et puis, il y a aussi les mots qui nous manquent peut-être. Pour tout ce qui est émotionnel, on est assez pauvre en vocabulaire. Un exemple flagrant c’est qu’on dit souvent « je ne suis pas content.e », ce n’est pas précis du tout ! Que ressent-on vraiment ? Colère, tristesse, frustration ? Comme ce vocabulaire ne nous est pas habituel, il ne sort pas forcément bien en écriture intuitive de base. Mais coucher sur papier ce qu’il vient permet justement de s’interroger dessus : est-ce que ça sonne bien ? Est-ce que c’est vraiment ça ? C’est hyper intéressant de le faire et le fait d’avoir une base écrit (donc à l’extérieur) permet cela facilement.

Après, l’exploration émotionnelle, cela demande de l’énergie et du courage. Il y a des jours où on n’en a pas assez pour se lancer… Même si les résultats sont positifs, le chemin est parfois un peu difficile. Et puis, seul.e, on se sent un peu perdu.e parfois. Je crois profondément que chacun.e a ce qu’il faut en soi pour le faire mais qu’on peut faciliter le processus en le faisant ensemble avec les bons outils.

– En post-partum, on a les émotions à fleur de peau : est-ce que c’est important de les faire sortir ? de les écouter ?

Claire Schepers : Elles sortent de toute manière. Je ne crois pas qu’il existe une mère en post-partum qui ne se soit jamais retrouver à pleurer ou crier… Le faire dans un cadre bienveillant, dans un moment choisi, ça permet d’évacuer plus sereinement. Cela vaut pour les émotions désagréables mais aussi pour les agréables parce que parfois pris dans la tempête de la vie avec un nouveau né, on ne se rend même plus compte de ce que l’on ressent d’agréable (joie, amour, fierté, etc.)
On n’apprend pas à nager quand on se noie. Donc apprivoiser ses émotions en mettant des mots dessus hors des moments de tempête, c’est mieux les comprendre et donc potentiellement mieux les vivre à la prochaine tempête.

– Tu as toi-même joué le jeu en participant aux exercices : qu’est-ce qui est ressorti pour toi ? 

Claire Schepers : Principalement que je suis en paix avec ce que je vis et que j’ai bien conscience des émotions qui me traversent et m’ont traversé dans ma maternité. Mais bon, mon dernier enfant venant de fêter ses deux ans et ayant déjà énormément écrit sur mon post-partum, c’est facile.
Cela dit, j’apprends toujours quelque chose à réécrire sur le sujet. Parce que ce qui sort reflète aussi mon humeur du moment et me permet aussi de voir comment j’ai évolué sur certains aspects. C’est ce qu’il y a de bien avec ses exercices, on peut les refaire encore et encore à l’envie et y apprendre quelque chose de nouveau.

Je voudrais ajouter que si on explore ses émotions en partageant également ce que l’on a écrit (si on le souhaite), c’est pour trouver des raisonnantes, pour avancer dans son exploration grâce aux mots des autres aussi. Cela permet de préciser ce que l’on ressent soi par effet miroir. Cela permet aussi souvent de se sentir moins seule dans son ressenti. Mais le but n’est pas la comparaison : on ne peut se comparer qu’avec soi-même, ce que l’on a été et ce que l’on veut être. De toute façon, on n’a accès qu’à une toute petite parcelle de la vérité des autres.
Ce qu’il est important surtout de se rappeler, c’est qu’on a le restant de sa vie pour être mieux avec soi-même.

Le Quatrième trimestre et Claire Schepers proposent un atelier d’exploration émotionnelle en ligne : mettre des mots sur la naissance le mardi 7 septembre de 20h15 à 22h15. Attention, le nombre de places est limité.

Claire Schepers est écrivaine et facilitatrice d’exploration émotionnelle. Formée à la Communication Non Violente, elle s’intéresse surtout à accompagner la manière dont on se parle à soi. Elle propose d’explorer les émotions pour mieux les connaître et ainsi mieux les vivre. Et elle aime particulièrement accompagner les parents.


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Je m’appelle Sophie, je suis journaliste et l’heureuse maman d’un petit garçon né en octobre 2019. Après sa naissance, je me suis vite rendue compte que la grossesse ne s’arrête pas au bout de neuf mois. Car oui, il existe bien un quatrième trimestre, une période où la maman va avoir besoin de se reposer afin de récupérer et reprendre des forces. J’ai donc décidé de mettre mes compétences de journaliste au profit de cette thématique à travers un compte Instagram, un podcast et un magazine.

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