Un rituel pour le corps, mais aussi pour l’esprit
Par Mary Pigeon, doula et maman de Liam 7 ans et Yael 21 mois
Originaire du Mexique, le rituel Rebozo a beaucoup voyagé ces dernières années et est de plus en plus pratiqué dans l’ensemble du monde occidental. La francophonie ne fait pas exception. Cette pratique ancestrale transmise de générations en générations par les femmes mexicaines des soins à la jeune mère revient ainsi en force alors que nous avons échoué à la faire perdurer en Europe pendant des années.
Traditionnellement le rituel de fermeture est offert par une ou plusieurs femmes à la jeune mère pendant les premières semaines après l’enfantement. La symbolique forte de fermeture et de renaissance du rituel Rebozo le rend bénéfique pour tous, notamment lors des passages de vie : une naissance, un deuil, une séparation, les premières règles, la ménopause, une union, un changement professionnel, un déménagement … ou simplement se faire du bien et s’honorer pour le chemin parcouru jusqu’ici. En tant que praticienne je sens un réel enthousiasme pour ce soin postnatal. Les jeunes mères ressentent le besoin de vivre ce moment de connexion à leur corps qui s’est transformé et à cette nouvelle identité qu’elles découvrent.
Un moment de lâcher prise
Chaque étape du soin permet au corps de se relâcher de plus en plus profondément : les mouvements des mains imprévisibles pendant le massage, la vapeur du hammam ou du bain, la chaleur du temps de sudation, la sensation d’enveloppement durant le serrage. Pour certaines personnes, cela va permettre au mental de lâcher prise, d’aller connecter aux émotions, de libérer des tensions voire des traumatismes. Prenez le temps de choisir la ou les femmes qui seront vos guides dans ce moment, celles qui tiendront l’espace pour vous et accueillerons les émotions qui vous traverseront pendant le rituel. Vous devez vous sentir libre de dire stop ou de partager votre inconfort à tout moment. Faites confiance à votre intuition.
La magie des rituels
Plus je donne ce soin, plus je comprends profondément la force et la magie des rituels de fermeture. Je trouve cela tellement beau d’accueillir les femmes qui viennent s’offrir ce moment de pause et de bien-être dans un passage si bouleversant de leur vie.
Au fil du temps ma pratique évolue, aujourd’hui j’entreprends une démarche de remise en question par rapport à l’appropriation culturelle et fais le choix de ne plus nommer ce soin « Soin Rebozo » mais « Soin rituel de fermeture». Je suis également en quête des pratiques postnatales originaires d’Europe et de tissages locaux en lien avec mes racines, notamment à base de lin cultivé en Normandie. En Europe, la plupart des praticiennes proposent un rituel de fermeture utilisant les châles Rebozo, librement adapté de ce savoir. Des voix se sont élevées pour dénoncer cette appropriation culturelle. Nos pratiques sont éloignées des conditions et du sens qu’elles ont au Mexique et la majorité des foulards sont tissés de façon industrielle. En modifiant, sans les comprendre, le savoir-être et le savoir-faire de ces femmes, nous mettons en péril leur tradition telle qu’elle existe depuis toujours.
Merci pour cet article qui amène à la réflexion sur l’appropriation culturelle !